Les nanoparticules (NPs) métalliques, par exemple d’argent, d’or ou de palladium, lorsqu’elles sont éclairées par la lumière, peuvent être le siège d’oscillations collectives d’électrons, appelées résonances localisées de plasmon de surface (LSPR), qui confèrent aux NPs des absorptions optiques spécifiques et donc des couleurs différentes de celles du volume (par ex. rouge ou violette pour l’or). La position spectrale de cette absorption dépend du métal et de l’environnement immédiat des NPs. Cette propriété est à la base des capteurs plasmoniques : quand les molécules à analyser se déposent à la surface des NPs, ou y pénètrent, il y a déplacement spectral de la résonance, relié à la quantité d’entités adsorbées. Cependant, plusieurs facteurs limitent la sensibilité et l’utilisation des capteurs plasmoniques conventionnels : nécessité d’un monochromateur, limitation de celui-ci en terme de résolution, sensibilité à des fluctuations (mécaniques ou de la lampe), signal parasite dû à la lumière ambiante. Des chercheurs de l’équipe Physico-chimie et dynamique des surfaces de l’INSP ont développé une méthode originale différentielle, basée sur des échantillons anisotropes, qui permet de s’affranchir du monochromateur en utilisant une seule longueur d’onde, et qui conduit à une sensibilité inégalée.
Les nanocristaux colloïdaux sont des nanoparticules de semiconducteur dont les propriétés optiques sont ajustables de l’UV au THz[1]. Ce sont surtout leurs propriétés de luminescence qui ont, motivé l’intérêt de la recherche et, plus récemment, leur utilisation comme source de lumière pour les écrans au niveau industriel. Ces nanocristaux sont également très prometteurs pour l’optoélectronique car ils combinent la robustesse des matériaux inorganiques avec la facilité de processabilité des matériaux organiques. C’est en particulier vrai dans l’infrarouge où les technologies actuelles demeurent coûteuses et complexes. C’est dans ce contexte que l’équipe Physico-chimie et dynamique des surfaces de l’INSP a choisi d’étudier les propriétés de (photo)-conduction de films de puits quantiques colloïdaux de HgTe[2] , pour le design de composants bas coût et rapides. Les techniques conventionnelles basées sur des mesures optiques résolues en temps étant difficiles à mettre en œuvre dans l’infrarouge, les chercheurs ont utilisé la photoémission et la photoconduction résolues en temps pour sonder la dynamique des porteurs dans ces matériaux.
Pentamères imbriqués de silicium : une organisation originale dans les nanorubans de Si/Ag(110)
Boîtes quantiques auto-organisées dans les nanofils : mécanismes de croissance
Comment l’interaction d’une nanoparticule avec des molécules modifie ses propriétés électriques
Comment le silicène creuse son trou... sur l’argent
De l’or pour stabiliser les catalyseurs !
Dynamique de solidification biphasée : flottante ou ancrée ?
Fabriquer des surfaces chirales avec des molécules achirales
Jean-Noël Aqua, lauréat du prix Gustave Ribaud 2014 de l’Académie des sciences
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Ce prix de physique dans le domaine des applications des sciences, est décerné à Jean-Noël Aqua, maître de conférences UPMC à l’Institut des NanoSciences de Paris. |
Oxydation du monoxyde de carbone sur des surfaces de platine : attention à la marche !
Bandes, labyrinthes, hexagones : sélection dynamique des structures de solidification biphasée
Les microstructures de solidification, dont la formation est un des problèmes les plus importants en science des matériaux, sont la trace, figée en volume, de structures du front de cristallisation, couplées à la diffusion chimique dans le liquide et stabilisées par effets capillaires. Leur grande variabilité est un frein à une maîtrise fine des propriétés de matériaux industriels. Ce phénomène d’auto-organisation hors équilibre pose des questions complexes sur lesquelles les chercheurs de l’équipe « Physico-chimie et dynamique des interfaces » de l’INSP ont obtenu des résultats conclusifs. Grâce à une méthode originale d’observation en temps réel de la structure de croissance biphasée d’alliages transparents, ils ont mis en évidence des mécanismes de sélection « faible » par forçage thermique, localisé les limites de stabilité morphologique, et découvert des dynamiques inattendues de défauts topologiques.
Le silicium est le composé de base de la microélectronique. Depuis quelques années, des recherches sont menées pour développer l’électronique moléculaire où des molécules fonctionnelles uniques sont utilisées comme interrupteurs, diodes, transistors... ll est donc tentant d’intégrer ces molécules organiques dans la technologie du silicium. La difficulté est que ces molécules possèdent généralement plusieurs fonctions chimiques compliquant ainsi leur greffage. Le contrôle du dépôt de molécules simples sur la face cristalline dite « technologique » du silicium, la face (100), est la clé pour développer de tels composants hybrides.
Des chercheurs de l’équipe « Physico-chimie et dynamique des surfaces » de l’INSP, en collaboration avec une équipe de théoriciens de Rome, ont déterminé la géométrie de l’éthylène (C2H4) adsorbé sur la surface Si (100). Cette molécule est un modèle pour étudier le comportement d’une double liaison C=C sur la surface de silicium. De plus, le suivi en temps réel du dépôt d’éthylène a montré que celui-ci se fait en deux étapes distinctes, ce qui n’était pas a priori attendu, du fait qu’un seul type de site d’adsorption existe sur cette surface. Les chercheurs ont reproduit très précisément cette cinétique d’adsorption au moyen d’un modèle statistique, qui oblige à revisiter les modèles classiques de cinétiques.
Des nanoparticules d’or pour l’électronique moléculaire
A l’aube du troisième millénaire, les nanoparticules d’or ont dévoilé quelques propriétés qui les rendent très prisées autant pour la recherche fondamentale que pour les applications. On peut mentionner leurs propriétés optiques (résonance de plasmon), catalytiques (réactivité chimique inattendue des très petites particules) et thérapeutiques (fonctionnalisation pour le ciblage de cellules cancéreuses). Depuis 2005, les chercheurs leur ont trouvé une nouvelle fonction, celle de « nano-réservoirs » à électrons, si petits qu’ils permettent de contrôler un courant électrique, électron par électron. Ainsi, il peut être envisagé une électronique avec les plus faibles courants imaginables, comme une miniaturisation ultime. Ces effets à un seul électron sont basés sur le phénomène de blocage de Coulomb, régi par la physique quantique et qui apparaît quand on considère un conducteur électrique assez petit (une nanoparticule d’or) pour que l’ajout d’un électron supplémentaire à ce conducteur ne se fasse pas spontanément sous l’effet de l’agitation thermique et puisse être contrôlé en appliquant une tension. C’est à ce niveau que se situe la recherche menée par Olivier Pluchery au sein de l’équipe « Physico-chimie et dynamique des surfaces » de l’INSP dans le cadre d’un consortium de trois laboratoires réunissant l’INSP, le Laboratoire de réactivité de surface (LRS, UPMC) et l’université du Texas à Dallas (UTD). Ils ont fabriqué un tel assemblage de nanoparticules d’or et de molécules sur du silicium qui présente un comportement électrique de blocage de Coulomb.
Auto-organisation de nanostructures Silicium-Germanium : une croissance sous contrainte
Les méandres d’une rivière ou les dunes de sable sont des structures auto-organisées couramment observées aux échelles géologiques. Grâce aux technologies actuelles, les échelles nanométriques des surfaces cristallines révèlent des morphologies étrangement ressemblantes. Dans une revue récente, un chercheur de l’équipe « Physico-chimie et dynamique des surfaces » de l’INSP1 dresse un état de l’art à la fois théorique et expérimental de la croissance et de l’auto-organisation de nanostructures Silicium-Germanium sous contrainte élastique.
Nanoparticules d’or et silicium : des promesses pour l’électronique moléculaire
Alcanes semi-fluorés : comment maintenir l’ordre ?
Les chaînes fluorées ont un fort potentiel d’applications dans le domaine biomédical, par exemple comme substituts du sang* . Les alcanes semi-fluorés présentent les mêmes avantages tout en améliorant la compatibilité avec les milieux biologiques. Cependant leurs propriétés d’auto-assemblages, sont loin d’être élucidées. Dans une récente publication (1), les chercheurs de l’INSP ont démontré que leur étonnante organisation supramoléculaire en monocouche sur l’eau pouvait être obtenue sur un substrat solide. On peut ainsi observer cette structure à méso-échelle par microscopie à force atomique.
Le sixton, un rectangle remarquable dans la structure de l’alumine en couche ultra-mince
Les couches ultra-minces d’alumine épitaxiées sur des monocristaux métalliques présentent la particularité d’adopter des structures cristallines extrêmement variées. Cependant, lorsque les couches sont formées à haute température (1000 K), des structures très similaires, proche d’une maille rectangulaire 10Å x 18Å sont souvent observées. Par des études de diffraction d’électrons lents et de microscopie à effet tunnel sur une couche d’alumine sur Ni(111), nous avons déterminé la maille « générique » correspondante : il s’agit d’un rectangle sixton, rectangle remarquable dont le rapport longueur sur largeur vaut √3.
Dendrites à spirale biphasée : un éclairage sur les microstructures complexes en métallurgie
Les microstructures qui se forment lorsqu’un mélange se solidifie sont le résultat, figé dans le solide, d’instabilités morphologiques du front de croissance, qui soulèvent d’importantes questions en physique non-linéaire. En suivant une expérience par vidéomicroscopie optique, nous avons découvert une nouvelle morphologie de croissance composite, que nous appelons « dendrite à spirale biphasée », qui présente un cas intéressant de « sélection » dynamique*, et qui pourrait être la clé de l’interprétation des microstructures multiéchelles d’alliages métalliques d’intérêt industriel.
Exaltation sur nanoparticules d’or, d’un signal vibrationnel de molécules, en optique non-linéaire.